Voilà un bon moment que je veux vous expliquer ma façon de développer ses pellicules Noir et Blanc. Cet exercice peut paraître compliqué et périlleux au début mais avec une bonne méthode, rien n’est infaisable ! 😉 Ne tardons plus et plongeons-nous dès maintenant dans la chimie !
La petite vidéo qui va bien
Comme pour la plupart des tutos du site, je vous fournis mes explications en vidéo. Néanmoins, prenez le temps de parcourir l’article car il est possible que je rajoute quelques infos non mentionnées dans la vidéo.
Ce dont je ne parle pas
Dans cet article, je vais essentiellement me concentrer sur le développement “chimique” du film. Par conséquent, je ne détaille pas l’étape qui consiste à mettre le film dans la cuve (aussi appelée “mise en spire”).
Néanmoins, je vous renvoie vers deux vidéos réalisées par Florian et Simon de la chaîne Codex Photo qui vous expliquent :
- La mise en spire d’un film 135 (24x36mm standard)
- La mise en spire d’un film 120 (moyen format)
Le principe de la dilution
Si vous n’êtes pas beaucoup plus chimiste que moi, vous avez sûrement été interpellé par l’expression “dilué à 1+X”. Ca peut paraître obscur mais c’est en réalité très simple ! En chimie argentique, on utilise des solutions concentrées qu’on dilue dans de l’eau pour développer les pellicules. On part alors du volume total nécessaire (ici 500mL pour un film 120) qu’on divise par la somme que constitue 1+X (ici 1+9 = 10). On obtient donc un volume de 50mL.
Ce volume est ensuite multiplié par les 2 chiffre de l’addition 1+X. On aura donc dans notre cas 1x50mL de produit concentré + 9x50mL d’eau. Au total, on aura bien nos 500mL et notre solution sera correctement diluée.
Ce principe s’applique à tous les produits concentrés à diluer (révélateur, fixateur et même bain d’arrêt).
Les grandes étapes du développement
[ATTENTION] : Il est très fortement conseillé de vider ses produits chimiques usagés dans un bidon prévu à cet effet. Une fois rempli, ce dernier devra être apporté en déchetterie pour être traité.
Quelque soit la technique utilisée, développer un film noir et blanc consiste en 4 étapes obligatoires (et 1 facultative) :
Etape 1 : Le pré-mouillage du film (facultatif)
Le but est d’humidifier le film afin d’être sûr d’être à la bonne température. Lorsque vous développez certains films 120 (comme la HP5 Plus dans la vidéo), le pré-mouillage permettra de dissoudre la couche anti-halo. Néanmoins, cette étape est loin d’être cruciale et je n’ai jamais remarqué de problèmes si je ne la faisais pas … A vous de voir !
Etape 2 : La révélation
C’est l’étape clé du développement. Il est impératif de respecter le bon temps de développement correspondant au film utilisé et à la température. Ici, j’utilise une pellicule HP5 Plus (400 ISO) en développement standard (1+9) à 20°C. Mon temps de révélation sera de 6min30. Pour ma part, j’agite pendant la première minute, je laisse reposer 1 minute puis j’agite pendant 30s toutes les 30s jusqu’à la fin du temps nécessaire.
Etape 3 : Le bain d’arrêt
Cette étape toute simple va permettre d’éliminer le plus de révélateur possible pour ne pas trop “polluer” le fixateur (voir étape suivante). Il existe des produits spéciaux appelés “bain d’arrêt” mais je préfère utiliser de l’eau : l’effet est le même et ça coute beaucoup moins cher ! 😉 L’agitation se fait ici en continue pendant 1 minute.
Etape 4 : La fixation
Le film est maintenant révélé et les traces de révélateur sont fortement diminuées. Cependant, la pellicule est encore sensible à la lumière et il faut fixer l’émulsion. On utilise donc un bain fixateur. En général, j’utilise mon fixateur dilué à 1+4 pendant 5min en suivant le même principe d’agitation que pour le révélateur. Lorsque vous avez atteint les 5min, ouvrez la cuve et regardez brièvement si le film n’est pas trop rosé. Si c’est le cas, remettez le film dans la cuve quelques minutes de plus.
Etape 5 : Le rinçage
Il est impératif de correctement laver son film pour éliminer toute trace de chimie qui pourrait détériorer le négatif dans le temps. Rincez de manière énergique en renouvelant l’eau régulièrement pendant au moins 5min.
Quelques petites astuces
Si vous débutez, vous vous êtes surement posé des questions en me voyant faire. Dans cette partie, je vais donc anticiper les questions qu’on pourrait me poser.
Comment savoir si un film est correctement développé ?
De manière générale, on considère qu’une pellicule est correctement développée si les informations présentes sur les cotés du film sont noires et bien discernables. Dans le cas contraire, vous avez certainement sur-développé ou sous développé votre négatif.
Et l’essorage du film avec les doigts, on en parle ?
Cette étape n’est pas conseillée avec certains films dont l’émulsion est réputée fragile. Pour le reste, pas de soucis, le film est suffisamment résistant pour cette manipulation. Veillez toutefois à ne pas essorer trop de fois car au bout d’un moment, le film devient “poisseux” et vos doigts risqueraient d’accrocher et de déchirer le film.
Tu n’utilises pas d’agent mouillant ?
Il se trouve que j’ai longtemps utilisé du liquide vaisselle (même action mais moins cher !) mais je n’ai pas vraiment vu son impact sur mon film, notamment quand j’utilisais des eaux très calcaires. Une bonne astuce serait de réaliser le dernier rinçage à l’eau déminéralisée pour minimiser les traces sur le négatif. Mais pour être honnête, je n’ai jamais pris la peine de tester ! 😉
Et si je veux développer une film 135 (24x36mm standard), qu’est-ce qui change ?
Pas grand chose si ce n’est que je ne pré-mouille pas spécialement mon film. Le gros changement va se trouver au niveau de la dilution. Il faudra faire le calcul correspondant au volume nécessaire pour développer un film 135 (moins important qu’un film 120). J’en profite pour vous glisser la vidéo sur le développement (et le tirage) argentique que j’avais fait sur la chaîne Mon Petit Réflex avec Sylvain Lepoutre il y a un an de ça. Je développe une autre pellicule avec un autre révélateur, ça vous donnera l’occasion d’avoir un autre exemple ! 😉
C’est pas risqué d’agiter autant la cuve ?
Non pas du tout. En fait, tout dépend de votre façon de développer et quel produit vous utilisez (certains révélateurs nécessitent de très peu remuer la cuve). Agiter est néanmoins essentiel pour bien répartir le produit sur tout le film.
Le mot de la fin
Voilà, c’est la fin d’un article (et d’une vidéo !) assez denses. Gardez en tête que quelque soit la technique que vous utilisez, l’important c’est que vous obteniez un résultat qui vous convient. Ensuite, libre à vous d’essayer d’améliorer votre technique de développement en fonction de votre curiosité et des informations que vous entendrez / lirez à droite à gauche.
N”hésitez pas si vous avez la moindre question, beaucoup de choses sont claires pour moi et je suis peut être passé un peu vite sur certains points. Je vous remercie de m’avoir lu jusqu’au bout et n’oubliez pas de rincer tout votre matériel à l’eau claire ! 😉
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Merci pour cette vidéo sympathique et pleine de bonne humeur qui m’a rappelé le bon souvenir de mes premiers développements de films 120 vers 1974, il y a donc … longtemps…
Avec plaisir 🙂
Bonjour Nicolas,
Merci pour toutes ces infos claires et sympathiques sur les étapes du développement.
Jusqu’ici je faisais développer, mais du coup je me lance.
Je viens de trouver tout un lot de vieux films 120 sur un vide grenier : 6 € les 50 bobines, je ne risque pas grand chose ! Ce sont des Kodak X-PAN, à développer avant 1979, il faut que je me dépêche…!!
La question, c’est, à ton avis, comment je me débrouille avec les temps de révélation / fixation / rinçage, vu que là on est complètement hors circuit?
Merci de ta réponse,
Nicolas aussi.
Hello Nico,
Ahaha tu aimes vivre dangereusement toi :p
Ma réponse serait de fixer un temps de développement basé sur les temps “normaux” augmentés de X% et de regarder sur une première pellicule l’effet que ça produit. Et ensuite tu ajustes ton temps en fonction de la première pellicule. Mais honnêtement te dire sur quels temps partir avec des pellicules aussi vieilles qui ont probablement subi de nombreuses variations de température et d’humidité, l’image sera forcément dégradée je pense.
Je ne peux que te conseiller d’appeler un labo pour avoir leur avis, ils ont peut être déjà eu le cas 🙂
Bon courage et bonne continuation 🙂
Bonjour Nicolas,
J’aimerais me lancer dans le développement argentique.
– Procède-tu de la même manière que lors du tournage de la vidéo ? ( temps, technique d’agitation, et sans agent mouillant ? )
– Ma première pellicule a développer est une fomapan 100 asa . Celle-ci n’est pas trop sensible pour débuter ?
Une dernière petite chose aussi , quand on regarde sur le net il y’a souvent 2 possibilité de dilution .. par exemple 1+9 et 1+19 , qu’est ce que ça change concrètement mise à part un produit plus diluée bien sûr..
Je pensais acheter du LC29 comme révélateur.. j’en n’ai entendu du bien.
Je te remercie par avance,
Hervé
Salut Hervé 🙂
– Je fais exactement pareil que dans la vidéo, à l’exception de l’agent mouillant (que je recommence à utiliser avec plus de résultats convaincants)
– Toutes les pellicules sont bonnes à développer pour débuter, la sensibilité ne change rien 😉 Je te conseille juste d’éviter les films trop particuliers comme les films Washi.
La dilution dépend de la concentration de produit et du temps que tu vas laisser ta pellicule se révéler. Plus ton produit est concentré, plus tu vas développer vite. La différence que tu voies entre 1+9 et 1+19, c’est la dilution entre du LC29 et de l’Ilfosol 3. Basiquement le principe est le même. La seule différence, c’est que ton LC29 est plus concentré que ton Ilfosol 3 donc tu ne vas pas le diluer pareil. Je serais plus parti sur de l’Ilfosol 3. Tu risques de mettre du temps à finir la bouteille de LC29, pas sûr que tu aies un débit de films qui justifie le LC29. L’ilfosol 3, tu peux faire 10 films 120 et une quinzaine de films 135, c’est déjà bien suffisant 🙂
En espérant avoir répondu à ta question 🙂
Bon courage !
Nico
Merci pour cette vidéo sympathique et pleine de bonne humeur qui m’a rappelé le bon souvenir de mes premiers développements de films 120 vers 1974, il y a donc … longtemps avec la même cuve paterson et des produits Ilford. J’avais 11 ans et ne possédais pas d’agrandisseur, je réalisais des tirages contact directement sur le papier.
Bravo pour la technique d’essorage deux doigts!
Avec grand plaisir Fabrice 🙂 Et vue les circonstances … Joyeux Noël ! 😉
Bonjour, je me suis remise à la photo avec du matériel vieux de 20 ans pellicule, révélateur et fixateur. Est-ce pour ça que le développement de ma pellicule est ratée? toute noire… elle est sortie toute noire! Pourquoi? Merci d’avance
Hello ! De la chimie de 20 ans … Je pense que tu as ta réponse 😉
Je sais que ma chimie liquide diminue en puissance sur quelques mois et je ne l’utilise qu’un an maximum. À mon avis c’est le révélateur qui est en cause, le fixateur peut se conserver un peu plus longtemps d’après mon expérience.
Bonjour, je me suis remise à la photo avec du matériel vieux de 20 ans pellicule, révélateur et fixateur. Est-ce pour ça que le développement de ma pellicule est ratée? toute noire… elle est sortie toute noire! Pourquoi?
Merci Pour cette réponse, c’est ok j’ai tout bien compris grâce à vos TUTO.👍
je m’y remet après une longue absence mais peu importe je ne lâche rien.
J’ai eu du mal à recevoir les produits (ruptures et délais astronomiques) et maintenant c’est en core pire.(covid 19) par contre je dispose du temps à la maison comme jamais.(hélas)
J’ai commencé une formation pour un site internet mais interrompue faute de pouvoir se déplacé .Pas facile tout cela.Cordialment.
Bonjour,
Merci pour cette base essentielle au débutant en argentique que je suis.Je suis “vierge” de tout film développer et j’ai hâte de commencer mais (l’information) la formation est un passage “obligatoire”.
Si j’ai compris le principe de calcul pour la ou les dilutions, je m’interroge de savoir comment la proportion est trouvée: vous dites ICI 1+9, pourquoi 9 et pas un autre chiffre?
Merci d’avance pour vos explications.
Cordialement
Salut ! Avec plaisir, je suis content que cette base ait pu t’aider 😉
1+9 est tout simplement la dilution à appliquer pour ce révélateur en particulier (le Ilfosol 3). C’est tout simplement marqué dessus, sur l’avant de la bouteille. Je t’invite à aller consulter ce lien https://www.digitaltruth.com/devchart.php?Film=%25Ilford+HP5%25&Developer=%25Ilfosol+3%25&mdc=Search&TempUnits=C&TimeUnits=D qui te permettra de comprendre un petit peu pourquoi une telle dilution et qu’est ce qui se produit pour ton développement si tu en appliques une autres.
Grosso modo, plus tu dilues un produit de même concentration, plus ton temps de développement va augmenter. Et pour te donner un dernier exemple, je développe mes films avec du LC29 à 1+19 avec les mêmes temps que ceux qui j’utilisais avec l’Ilfosol 3. Pourquoi ? Tout simplement parce que le LC29 est 2 fois plus concentré. Tu peux donc avoir une dilution plus importante tout en conservant les mêmes temps 😉