Il paraît que développer des pellicules couleurs soi même, c’est compliqué. C’est ce que je croyais moi aussi avant de me lancer. Après plusieurs mois à pratiquer la photographie couleur, je commence à bien maitriser le processus. Et je peux même vous affirmer que tout photographe argentique peut développer ses pellicules couleur chez soi. Comment ? C’est l’objet de cet article ! 😉
La petite vidéo qui va bien
Comme pour le développement Noir et Blanc, j’ai également réalisé une vidéo pour vous montrer comment je fais concrètement. Prenez tout de même le temps de parcourir l’article car il est possible que je rajoute quelques infos non mentionnées dans la vidéo.
Ce dont je ne parle pas
Dans cet article, je vais essentiellement me concentrer sur le développement “chimique” du film. Par conséquent, je ne détaille pas l’étape qui consiste à mettre le film dans la cuve (aussi appelée “mise en spire”). Je le ferai sûrement plus tard dans un autre article !
En attendant, je vous renvoie vers deux vidéos réalisées par Florian et Simon de la chaîne Codex Photo qui vous expliquent :
- La mise en spire d’un film 135 (24x36mm standard)
- La mise en spire d’un film 120 (moyen format)
Le process C-41
Le process C-41 est un procédé de développement couleur. D’autres procédés existent (E6) mais c’est bien le C-41 qu’on utilise pour la grande majorité des négatif couleur. Il est vendu très souvent sous la forme d’un kit de développement qui coûte entre 30 et 60 euros selon les quantités souhaitées (1L, 2,5L ou 5L). Le kit le plus courant est celui de 2,5L qui vaut entre 50 et 60 euros.
Vous trouverez dans ce pack 6 bidons de produits. Trois d’entre eux composent le révélateur chromogène (indicatif CD Part 1, 2 et 3), deux autres composent le blanchiment-fixage (indicatif BX Part 1 et 2) et le dernier compose le stabilisateur (indicatif STAB).
En suivant les instruction du fabriquant, pour préparer 500mL de chaque solution, il faut verser 100mL de chaque produit et compléter la quantité manquante en eau. On arrive alors aux mélanges suivants :
- Révélateur chromogène : CD Part 1 (100mL) + CD Part 2 (100mL) + CD Part 3 (100mL) + eau (200mL)
- Blanchiment-fixage : BX Part 1 (100mL) + BX Part 2 (100mL) + eau (300mL)
- Stabilisateur : STAB (100mL) + eau (400mL)
Si vous souhaitez préparer plus de solution, il faut simplement garder les mêmes proportions mais le principe reste le même.
Les grandes étapes du développement
[ATTENTION] : Il est très fortement conseillé de vider ses produits chimiques usagés dans un bidon prévu à cet effet. Une fois rempli, ce dernier devra être apporté en déchetterie pour être traité.
Quelle que soit la technique utilisée, développer un film couleur avec le process C-41 consiste en 7 étapes obligatoires (dont 2 facultatives) :
Etape 0 : La préparation
Avant tout chose, on choisit une température de développement (ici, 38°C). On prépare ensuite sa bassine dans laquelle on verse de l’eau à une température supérieure à 38°C. On y met les chimies qu’on a préparé en amont ainsi que la cuve contenant la pellicule afin de faire monter le tout à la bonne température. En utilisant un thermomètre plongé dans la bassine, on peut contrôler la baisse progressive de la température et démarrer le processus au bon moment.
Dans notre cas (38°C), nous débuterons l’étape suivante quand le thermomètre indiquera un peu plus de 38°C.
Etape 1 : Le pré-mouillage du film (facultatif mais conseillé)
Le but est d’humidifier le film afin d’être sûr d’être à la bonne température. Lorsque vous développez des films 120 (comme la Portra dans la vidéo), le pré-mouillage permettra de dissoudre la couche anti-halo. Bien que facultative, cette étape est conseillée pour éviter de polluer les chimies. En effet, dans le process C-41, les solutions préparées sont conçues pour permettre de développer un certain nombre de films.
Etape 2 : La révélation chromogène
C’est l’étape la plus “délicate” du développement. Elle a pour but de révéler les niveaux de gris de la pellicule, comme pour du film Noir et Blanc. Il est impératif de respecter le bon temps de développement correspondant à la température et à l’efficacité du produit. Ici, j’utilise une préparation “neuve” à une température de 38°C. Mon temps de révélation sera de 3min15. Pour ma part, j’agite en continu avec un agitateur pendant toute la durée du développement en chassant les bulles de temps en temps.
A titre d’information, ne soyez pas obnubilés par le temps exact, vous avez quand même un peu de marge. Il m’arrive souvent de ne pas respecter le temps indiqué à la seconde près et ça fonctionne parfaitement. Si jamais vous avez un doute sur le temps, laissez développer un peu plus longtemps que prévu. Il vaut mieux toujours sur développer un film que le sous développer !
Etape 3 : Le blanchiment-fixage
Cette étape d’une durée de 4 min avec une solution “neuve” va réaliser une double opération. La première est de faire apparaitre les couleurs et la seconde est de fixer la pellicule pour qu’elle devienne insensible à la lumière. L’agitation est toujours faite en continu tout en chassant les bulles régulièrement.
Faites bien attention à ce produit car, en plus d’être assez toxique, il tâche très facilement tout ce qu’il touche. Rincez le plus vite possible la moindre goutte laissée sur le moindre support pour éviter les mauvaises surprises !
Etape 4 : Le rinçage à l’eau
Cette étape consiste tout simplement à rincer le film pour éliminer toutes les traces de produit (révélateur / blanchiment-fixage). Pour rester dans les mêmes plages de températures, j’utilise de l’eau présente dans la bassine. Le rinçage dure 3 min alors je change l’eau toutes les minutes environ, en remuant bien avec l’agitateur pour une action plus efficace.
Etape 5 : Le stabilisateur
Le stabilisateur a un peu le rôle de l’agent mouillant. Son action dans la cuve dure 1 min et constitue la dernière étape obligatoire du développement.
Etape 6 : Le rinçage à l’eau déminéralisée (facultatif)
Personnellement, je réalise un dernier rinçage à l’eau déminéralisée car j’ai remarqué que le stabilisateur pouvait laisser des traces sur le négatif. Cette étape n’a rien d’obligatoire et vous pouvez tout à fait faire sécher votre film directement après le stabilisateur.
Quelques petites astuces
Si vous débutez, vous vous êtes surement posé des questions en me voyant faire. Certaines choses ne sont peut être pas encore claires. Dans cette partie, je vais donc anticiper les questions qu’on pourrait me poser.
Comment savoir si un film est correctement développé ?
De manière générale, on considère qu’une pellicule est correctement développée en terme d’exposition si les informations présentes sur les cotés du film sont noires et bien discernables. Dans le cas contraire, vous avez certainement sur-développé ou sous développé votre négatif.
Par ailleurs, en couleur, vous pouvez aussi contrôler le bon développement en regardant à la loupe si les informations en bord de pellicule ne présentent pas une légère teinte de couleur. Si c’est le cas, vous avez très probablement eu un problème lors de votre développement (chimie usagée, mauvais respect des temps de développement).
Et si je veux développer une film 135 (24x36mm standard), qu’est-ce qui change ?
Absooooooolument rien ! La solution est prévue pour un certain nombre de pellicules développées et ne tient pas compte du nombre de pellicules contenues dans la cuve. L’important est de mettre la bonne quantité de produit correspondant à la ce que la cuve peut contenir.
Peut-on préparer une quantité plus importante de produits ?
Oui, à condition de respecter les mêmes proportions. L’avantage de faire une quantité plus importante est que vous pourrez augmenter le nombre de films traités. Veillez néanmoins à avoir suffisamment de pellicules à développer sinon ça n’est pas intéressant et vous perdrez plus de produit d’un coup lorsqu’il faudra le recycler.
Quel est l’intérêt d’utiliser des bidons en plastique ?
Les bidons en plastique ont un double avantage :
- Ils se déforment et permettent de stocker les produits avec un minimum d’air pour ralentir l’oxydation.
- Ils conduisent un peu moins rapidement la chaleur ce qui leur confère une bonne inertie. Ainsi, les températures descendent moins vite lors du développement.
Le mot de la fin
Voilà, c’est la fin d’un article (et d’une vidéo !) assez denses. Partez de cette technique de base puis expérimentez vous même de nouvelles choses par la suite. Faites en fonction du matériel à disposition et ne vous découragez pas si vous essuyez un ou plusieurs échecs. Mais bon, si j’y suis arrivé, vous pouvez le faire aussi ! 😉
N”hésitez pas si vous avez la moindre question, beaucoup de choses sont claires pour moi et je suis peut être passé un peu vite sur certains points. Je vous remercie de m’avoir lu jusqu’au bout et n’oubliez pas de rincer tout votre matériel à l’eau claire et de mettre vos produits usagers en déchetterie ! 😉
[social_warfare]
Bonjour,
Le kit n’est plus en vente, ou à 100€ les 2,5l vous en trouvez ou ?
Merci
Hello! Effectivement je viens de voir que le produit ne se trouvait plus dans le commerce. Il existe d’autres marques qui proposent ce type de kit (la chimie est identique) – chez Bellini par exemple, le kit 1L se trouve à 35 euros.
Merci beaucoup pour c’est infos Nico 😉 (y)
Moi j’aimerai savoir ou à tu trouvé ta bassine ? 🙂
Hello 🙂 je t’ai répondu sur YouTube 😉
Bonjour,
merci pour cette vidéos,
est ce que je peux mélanger les chimies dans le bidons de récupérations ?
Le Révélateur chromogène peut etre réutilisé?
Stabilisateur également ?
merci beaucoup !
Laura
Hello ! Merci !
Alors personnellement oui mais en théorie il serait bien de séparer les déchets (je ne suis pas un grand spécialiste de la chimie).
Oui le révélateur chromogène peut être réutilisé en fonction du nombre de pellicules déjà développées (tout est inscrit dans la notice ;))
Idem pour le stabilisateur.
Bon développement 😉
Salut merci pour ton article.
Les temps indiqués dans la notice sont pour du 100 ISO c’est bien ça ? Du coup pour du 400 ISO on aura un temps de développement de 4′ 15″ ?
Merci pour ton retour 😉
Salut Antoine !
Non les temps indiqués correspondent au nombre de films à développés. Les ISO de chaque film développé vont avoir une influence sur le rendement (nombre de films qu’on peut développer dans une certaine quantité de solution).
Le premier film développé avec une solution neuve correspondra aux premiers temps indiqués (3min15 si j’ai bonne mémoire) tandis que les derniers seront plus autour des 4 min 🙂
Salut ! Je faisais quelques recherches et je suis tombée sur ton article 😉
J’apporterai un petit truc assez important ^^ :
– En noir et blanc l’argent reste dans la pellicule. C’est un antibactérien et fongicide naturel.
– En couleur le blanchiment retire l’argent de la pellicule. Il ne reste plus que des pigments colorés ! C’est peau par contre la gélatine de l’émulsion est à la merci des bactéries et des champignons. C’est pour ça qu’on utilise le bain stabilisant : Il contient des désinfectants et des fongicides qui vont pénétrer l’émulsion.
Du coup le rincer remet en question la durabilité de tes négas à long terme…
Mieux vaut trouver de bonnes méthodes pour essorer convenablement ton stab et le faire avec de l’eau distillée 🙂
Très bon article et bien utile !
Pourrais-tu me dire où tu as trouvé tes bidons ? D’avance merci 😊
Merci 🙂
Dans des lots Le Bon Coin mais tu en trouves dans les boutiques argentique ou dans les foires / brocantes photo 🙂
Merci pour les infos, je vais guetter 😊
Je pense comme toi, faire une préparation de 500ml et je ne me vois pas utiliser des bouteilles accordéon. Dans les boutiques en ligne je n’ai pas vu le type de bouteille (bidon) que tu utilises.
Disons que 500 mL c’est une bonne contenance si tu n’as pas une grosse production.
Les bidons sont en fait issus d’un kit de développement que j’avais racheté à un particulier. Ils étaient vendus avec la cuve dans laquelle tu me vois développer dans la video 😉
Je pense partir sur de la petite production (4 rouleaux / mois), sachant que je vais aussi faire du NB.
Oui j’ai vu ta cuve, elle est bien sympa 😉
Je vais continuer mes investigations pour les flacons 500ml plastique. Merci à toi pour les réponses 🙂
Hello !
J’utilise deux solutions :
– Mes chimies de noir et blanc sont dans des bouteilles en verre opaque de bière. Et dessus je mets des bouchons avec lesquels ont peut faire le vide par aspiration de l’air. Les solutions mères ont le même sort.
– Mes chimies couleurs sont dans des bouteilles d’eau plastiques Vittel de 500mL. Je mets dedans du gaz Protectan ; j’expulse un peu d’air en plus en pressant la bouteille et je rebouche. Mes solutions mères restent dans leur bouteille d’origine avec ajout de gaz protectan.
Les deux solutions semblent fonctionnelles.
– La chimie que j’utilise pour le noir et blanc en est à 5 mois et fonctionne toujours très bien sans changement des temps.
– La chimie couleur n’a pour l’instant qu’un mois. Mais pour l’instant aucun problème d’altération.
Et je mets tout ça au frigo.
Bon j’ai l’avantage d’être seul chez moi et de pas avoir d’enfants !
Cordialement,
Paul Wheeler
Merci pour ton retour Paul 😉