Dans la vie d’un photographe argentique, il y a toujours une part d’accident ! Ouvrir sa cuve pendant le développement vous est déjà probablement arrivé ! Ce fut mon cas lors d’un développement on ne peut plus normal. Je vais donc profiter de cette erreur pour en tirer des leçons : les images sont elles foutues ? C’est ce que nous allons voir dans la suite de cet article !
Un peu de contexte
J’étais donc en train de réaliser le développement de ma TriX 400 en 120. Tout se déroulait pour le mieux jusqu’au moment du bain d’arrêt. Allez savoir pourquoi, à la fin de mon développement, j’ai vidé le produit dans une bouteille de récupération tout en ouvrant ma cuve, laissant ainsi passer la lumière. J’ai quand même des réflexes alors j’ai vite refermé la cuve. Mais même avec de la réactivité, j’ai bien dû mettre 1 seconde à réagir ! J’ai tout de même terminé mon développement en pestant intérieurement.
Dans un premier temps, je me suis dit que le film était déjà développé. Cela faisait 7 min 30 que la pellicule trempait dans le révélateur, ça ne pouvait pas être 1 petite seconde d’exposition qui pouvait tout faire foirer ! D’autant que 15 secondes après ma connerie, je lavais le film à grandes eaux pour éliminer les traces de révélateur. Je fixe ensuite normalement mon film puis je réalise le rinçage final. Lorsque le film est prêt, je le mets à sécher à côté d’une autre pellicule (HP5+) bien développée.
En observant le film, je scrutais la moindre trace de « voile » sur mon négatif, signe qu’il avait pris la lumière et que tout était fichu ! Et, à première vue, j’avais l’impression que mon erreur n’avait eu aucun effet. En réalité, j’ai tout de même observé des traces gris foncées sur la partie gauche de ma pellicule, celle qui était le plus à l’extérieur de la cuve. Ces traces n’étaient pas continues et n’étaient vraiment visibles que sur le bord du film. Aurais-je sauvé mon film ?
Le résultat au scanner
Une fois l’image scannée, c’est là que je me suis rendu compte que l’ouverture de ma cuve à la fin du bain révélateur avait effectivement impacté mes images. Voyons maintenant dans quelle mesure :
Premièrement, l’effet de voile n’est pas présent sur toutes les images. En effet, je n’ai pas ouvert ma cuve en grand, mais juste sur une partie. La lumière a donc eu un effet plus important dans la zone directement exposée que dans la zone semi couverte par le reste du couvercle.
Deuxièmement, on voit clairement que le voile n’est présent que sur une partie de l’image. Sans grande surprise, les parties les plus touchées sont celles les plus proches du haut de la cuve. Les parties au fond de la cuve n’ont rien eu. C’est assez logique puisque la lumière n’a plus la même intensité au fond de la cuve qu’au dessus. L’eau va également diffuser la lumière. De plus ainsi plusieurs « tours » de films viennent atténuer l’intensité de la lumière.
A droite : la HP5+ bien développée
Troisièmement, les effets d’une exposition sont bien réels. Comme je le disais plus haut, j’étais convaincu qu’étant arrivé à la fin de mon développement, il n’y aurait plus de réaction de mon film : erreur ! Le film n’est vraiment plus sensible qu’après le passage dans un bain de fixateur. Ce dernier est chargé d’éliminer les grains d’argent qui n’ont pas réagi. Si vous ouvrez votre cuve comme je l’ai fait, votre négatif va réagir. Les résidus de produit révélateur vont donc faire leur effet. Même si le changement est léger, la zone exposée va légèrement noircir. Ce phénomène conduit donc à un voile sur une partie de votre image.
A droite : la Trix 400 avec un voile en bas à droite
Quelques conseils supplémentaires
Pour compléter ces résultas, je pense que le fait d’avoir développé un film 120 ne m’a pas aidé. Si j’avais eu un film 35 mm, il aurait reposé au fond de la cuve. Ceci aurait aurait probablement atténué l’impact de la lumière.
De plus, ne considérez jamais que vos images sont bonnes avant d’avoir scanné, tiré ou fait une planche contact de votre pellicule ! Vous risquez d’être déçus ! Je ne vous énumère pas le nombre de fois où je pensais mon portrait réussi en regardant le négatif. Sauf qu’une fois scannée, je me rendais compte que j’avais raté la mise au point. Et dans ce cas présent, le voile était beaucoup plus évident au scan que sur le négatif !
Pour finir, n’hésitez pas à me raconter vos erreurs lors de vos développements / tirages dans les commentaires de cet article. Je suis curieux de savoir quels effets elles ont pu avoir sur vos images !