Le film WASHI A est film très particulier ! Proposée à la vente par la société française Film Washi, c’est une pellicule que je n’avais pas encore eu l’occasion de tester. J’ai donc saisi l’occasion d’une sortie photo aux Buttes Chaumont pour m’en faire une idée.
Présentation de la WASHI A
Historiquement, le film WASHI A tient sa lettre du mot “Amorce”. Les amorces étaient utilisées dans le cinéma pour ne pas consommer inutilement de la pellicule couleur très onéreuse lorsque le film était amorcé dans les appareils de projection par exemple.
L’autre intérêt du film “Amorce” est d’être utilisé pour réaliser les génériques de fin de film, toujours dans une optique de diminution des coûts de pellicule.
On se retrouve donc avec un film de 12 ISO très contrasté et avec un grain fin pour permettre notamment de bien lire les caractères des noms des personnes créditées à la fin d’un film.
La pellicule possède également la caractéristique d’être orthochromatique. Cela signifie qu’elle est moins sensible aux longueurs d’ondes correspondant à la couleur rouge. Sur l’image, lorsqu’on photographiera un sujet rouge (ou contenant du rouge), il va avoir tendance à apparaître très sombre (voire noir).
Quelles contraintes ?
Comme on a une pellicule avec un ISO très faible, il va falloir un objectif qui ouvre assez grand. Je suis donc parti avec mon 50 mm f/1.8, monté sur un Nikon F100. Et malgré tout, il me faut quand même pas mal de lumière ! Dans l’idéal, une journée ensoleillée serait parfaite : avec une grande ouverture et un Soleil qui m’envoie l’intensité lumineuse suffisante, j’aurais pas mal de latitude.
Sauf que le film est très contrasté ! L’autre difficulté va donc être la gestion du contraste des images. En effet, si on photographie une scène lumineuse en plein Soleil, l’image sera contrastée à la fois par la lumière de la scène mais aussi par le film !
Enfin, étant donné que le film est orthochromatique, il sera intéressant de tester quelques portraits donc la densité des peaux devrait s’assombrir. Je ferai également attention aux ciels qui sont vite cramés (cf. la fiche technique de la WASHI A)
Les images des Buttes Chaumont
Premièrement, le film est très contrasté c’est indéniable. Sur des photos de paysage, il est difficile d’avoir des éléments bien exposés, à la fois dans les parties sombres et les parties claires de image. D’ailleurs, c’est assez flagrant quand on regarde le ciel complètement cramé de certaines photos ainsi que la transition entre hautes et basses lumières. Si on expose correctement les arbres, les hautes lumières du ciel en arrière plan ont tendance à baver sur les basses lumières. Et c’est particulièrement moche, il faut le reconnaitre !
A contrario, lorsqu’on a une lumière assez dure qui éclaire notre sujet, il faut maitriser le contraste du film. Et ça, ça dépend beaucoup de votre sujet ! C’est d’ailleurs là toute la difficulté de la Washi A.
Sur cette autre image qui est pour moi l’une de celles où j’ai réussi à bien maitriser le film, la lumière est compliquée à gérer mais l’exposition choisie m’a permis d’avoir de bonnes valeurs de gris sur mon sujet (l’oie), avec un fond pas trop cramé (le sol ne renvoyant pas la lumière de manière trop forte) et les personnes derrière moi portent des habits foncés qui n’attire pas trop l’oeil.
A travers ce exemple, je voulais vous montrer qu’il était important de penser aux niveaux d’exposition de son sujet, d’autant plus si vous utilisez le film A.
Les portraits et autres photos
Une autre possibilité d’exposition consiste à rechercher une lumière très homogène sur ses sujets. Seul inconvénient, cette lumière se trouve souvent à l’ombre et l’intensité lumineuse en est diminuée. C’est notamment dans ce genre de situation que j’ai pris cette image à la BNF. J’ai également utilisé la réflexion du Soleil sur le sol humide pour réaliser le portrait ci-dessous. Cet éclairage m’a permis d’avoir une lumière homogène et des niveaux de gris intéressants sur le visage.
Conclusion
Pour conclure, le film WASHI A dispose d’un très fort contraste qui rend le film assez compliqué à bien exposer. Les 12 ISO limitent fortement les lieux de prise de vue. Ils nous contraignent donc à avoir des objectifs qui ouvrent grand (f/2 est un minimum). Pour être tout à fait honnête, je préfère utiliser du film WASHI S. Le rendu est plus joli et on gagne 2 diaphs non négligeables (50 ISO au lieu de 12 ISO).
Néanmoins, j’aime bien le fait que ce soit un film particulier. Il nous met au défi en permettant peu d’erreurs, ça rajoute du challenge !
Mais du coup, ça me donne envie de tester deux choses sur le A pour me faire un avis complet :
- L’essayer en studio avec des lumières de fort puissance où je vais pouvoir fermer mon diaphragme
- Utiliser le film avec de la lumière extrêmement douce pour voir comment il rend les niveaux de gris. D’ailleurs je pense même qu’il y aurait moyen de mieux gérer le contraste en sous développant le film. Mais c’est un autre sujet !
Et vous ? Qu’en avez vous pensé ?